Des bicentenaires qui mettent l’unité en évidence
CAMBRIDGE, Massachusetts, publié le 1er juin 2017 – Alors que la communauté bahá’íe se prépare à célébrer le 200e anniversaire de la naissance de Bahá’u’lláh, l’école de Divinité de Harvard commémore également son bicentenaire.
Cette confluence d’anniversaires remarquables a plus en commun que le simple chevauchement des dates. À la fin du 19e et pendant la première moitié du 20e siècle, un certain nombre d’éminents philosophes, artistes et écrivains américains associés à la foi bahá’íe et à l’université de Harvard ont été impliqués dans un discours dynamique et émergeant sur l’unité.
C’était le sujet d’une récente présentation portant sur la manière dont le principe bahá’í de l’unité se reflète dans le développement de la communauté bahá’íe américaine. Cette présentation a eu lieu au Harvard’s Center for the Study of World Religions(Centre pour l’étude des religions du monde de Harvard) et était intitulée The Religion of Unity and the Unity of Religion (La religion de l’unité et l’unité de la religion). Sasha Dehghani, un professeur invité à Harvard, qui fait des recherches sur la foi bahá’íe en tant que religion mondiale indépendante, en était le conférencier.
« Quand je suis arrivé à Harvard, a déclaré M. Dehghani, le professeur Francis Clooney, le directeur du Center of the Study of World Religions, m’a accueilli en ces termes : « Aujourd’hui, nous avons besoin de religions qui créent l’unité et abattent les murs. »
S’exprimant sur la façon dont les concepts d’unité et l’unité de l’humanité ont façonné les efforts bahá’ís dans les premières années de la communauté bahá’íe américaine, M. Dehghani en a souligné les principales étapes et a évoqué certains des penseurs importants de cette époque.
La première mention publique de la foi bahá’íe aux États-Unis a eu lieu au Parlement mondial des religions à Chicago en 1893. Le concept de l’unité des religions faisait partie des sujets les plus remarquables qui y ont été explorés.
L’esprit qui a animé le Parlement mondial cette année-là a inspiré Sarah Farmer, la propriétaire de Green Acre Inn dans le Maine et l’une des premières innovatrices américaines en matière de religion, d’offrir des conférences sur des sujets progressistes dans les domaines des sciences, des arts et de la religion. Ces rassemblements ont réuni des écrivains, des éducateurs, des philosophes, des artistes et des militants renommés et ils ont ouvert un espace d’échange d’idées et de progression des pensées.
Dans son livre Restless Souls: The Making of American Spirituality(Âmes agitées : l’élaboration de la spiritualité américaine), l’historien Leigh Eric Schmidt commente l’impact de Green Acre sur le discours public au début du XXe siècle : « Les rassemblements de Green Acre ont prospéré pendant plus de deux décennies, le Parlement mondial a duré en tout dix-sept jours. »
Finalement, le travail de Sarah Farmer l’a mise en contact avec la foi bahá’íe et elle s’est rendue à Saint-Jean-d’Acre au début du siècle pour rencontrer ‘Abdu’l-Bahá, qui a ensuite visité Green Acre pendant son voyage en Amérique en 1912. Beaucoup des entretiens de ʻAbdu’l-Bahá aux États-Unis au cours de cette année ont porté sur l’unité des religions et l’unité entre les races, en particulier entre les Américains noirs et blancs.
Au début du XXe siècle, un certain nombre de penseurs religieux d’Amérique étaient en contact avec Mme Farmer ou ont visité Green Acre et ils ont participé aux échanges dynamiques d’idées qui s’y sont déroulés. Parmi eux figuraient les érudits de Harvard, William James et W.E.B. Du Bois, deux des écrivains et philosophes américains les plus en vue et les plus influents de l’époque. William James, à son tour, a invité Ali Kuli Khan, un diplomate iranien et un membre éminent de la communauté bahá’íe, à faire des présentations sur la foi bahá’íe à l’université de Harvard.
M. Du Bois, qui avait été l’étudiant de James, a été le premier Afro-Américain à obtenir son doctorat à Harvard, promotion 1895. Son travail en tant que fondateur de l’Association nationale pour l’avancement des personnes de couleur (NAACP) l’a mis en contact avec ‘Abdu’l-Bahá, qui a prononcé un discours lors de sa quatrième conférence en 1912. M. Du Bois, comme l’a souligné Guy Mount dans ses recherches, a ensuite publié ce discours dans le magazine officiel de la NAACP, avec une photo de ‘Abdu’l-Bahá.
Alain Locke, un collègue contemporain et proche de M. Du Bois, était également parmi les penseurs les plus éminents de l’époque. Il a été le premier érudit afro-américain à bénéficier d’une bourse Rhodes, et on se souvient de lui comme du doyen de la renaissance de Harlem. Dans une biographie de M. Locke, Christopher Buck a suggéré que M. Du Bois pouvait avoir été celui qui avait fait connaitre la foi bahá’íe à M. Locke. Il a obtenu son doctorat de Harvard en 1918, et c’est la même année qu’il est devenu bahá’í. Les contributions profondes de ces deux érudits à la philosophie ont été largement reconnues ; le révérend Martin Luther King, Jr. a comparé leur influence à celle de Platon et d’Aristote.
La première communauté bahá’íe américaine comprenait également Albert Vail et Stanwood Cobb, diplômés l’école de Divinité de Harvard et anciens pasteurs unitariens. M. Vail a publié un article impressionnant sur la foi bahá’íe, mettant l’accent sur son principe d’unité dans la revue théologique de Harvard en 1914.
Alors que l’université de Harvard et Green Acre représentaient des points de rencontre importants pour les principaux écrivains et philosophes de l’époque, la conférence de M. Dehghani a également rappelé que l’influence du discours émergeant sur l’unité avait également touché d’autres penseurs éminents dans le nord-est des États-Unis.
L’artiste, poète et écrivain libano-américain, Khalil Gibran, vivait à Boston au début du XXesiècle. Surtout connu pour son œuvre Le Prophète, les écrits de Khalil Gibran ont exploré l’unité de l’humanité et de la religion. Il a été présenté à ‘Abdu’l-Bahá par Juliet Thompson, une bahá’íe et une artiste comme lui. Au printemps de 1912, il a eu l’occasion d’esquisser un portrait de ʻAbdu’l-Bahá et a assisté à plusieurs de ses causeries.
La recherche de l’unité dans la communauté bahá’íe américaine s’est exprimée dans la création d’espaces de prière ouverts à tous. En 1912, ʻAbdu’l-Bahá a posé la première pierre de la première maison d’adoration bahá’íe dans l’hémisphère occidental, qui a été inaugurée à Chicago en 1953 ; elle demeure aujourd’hui un puissant symbole de l’unité de tous les peuples et de toutes les religions.
Dehghani a noté qu’il était fortuit que cette période des bicentenaires ait permis de réexaminer une question aussi cruciale : l’unité de la race humaine. En réfléchissant à ce moment, il a commenté qu’il est opportun de considérer la place de la foi bahá’íe parmi les religions du monde et les implications du principe de l’unité de l’humanité, tel qu’établi par Bahá’u’lláh, à cette période de l’histoire.
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